CHA NO YU

Le thé est la boisson la plus bue au monde après l’eau. Le mot thé désigne la boisson préparée avec des feuilles de théier (camellia sinensis), un arbre touffu à feuillage persistant qui préfère les climats chauds et que l’on maintient à l’état d’arbuste pour faciliter la cueillette de ses feuilles. Les divers types de thé, blancs, verts, orangers ou noirs proviennent de cette même plante. Ce qui détermine la « couleur » du thé réside uniquement dans le processus de traitement des feuilles fraîchement cueillies avant qu’elles n’atteignent votre tasse.

Origine du thé

Selon une légende chinoise, lorsque la Terre fut créée, les empereurs de Chine étaient alors des dieux. L’un d’entre eux, Chen Nung, se souciait particulièrement du bonheur des hommes. Il leur avait appris l’agriculture et avait créé pour eux le blé, le riz, le millet, le sorgho et le soya. En dépit de tous ces bienfaits, Chen Nung considérait encore son œuvre imparfaite. Ne manquait-il pas aux hommes le moyen de se prémunir contre les maladies ? Il inventa donc la médecine et recommanda à chacun de ne boire que de l’eau au préalable bouillie. Un jour qu’il se délassait à l’ombre d’un arbre, ayant soif, il fit bouillir un peu d’eau. Une légère brise fit tomber trois feuilles de cet arbre dans sa tasse où elles infusèrent. Intrigué et curieux, il but cette boisson et la trouva délicieusement rafraîchissante et revitalisante. Il donna alors à l’arbre inconnu le nom de théier.

Le plus vieux texte mentionnant le thé est le Shijing (Livre des chants). Plus tard, selon un livre ancien intitulé Er’ya datant du 8ième siècle avant J.-C., un médecin chinois le recommandait afin d’augmenter la faculté de concentration et pour rester éveillé. À l’origine et pendant longtemps, le thé est appelé « Tu ». Un empereur de la dynastie Han (entre 206 av. J.-C. et 220 apr. J.-C) décida un jour, sans doute pour lui donner des lettres de noblesse, de changer le nom du thé en « Cha ».

C’est au 8ième siècle seulement que le thé acquière son propre pictogramme (présenté en figure ci-haut). Le thé, notamment compressé sous forme de brique, deviendra éventuellement monnaie d'échange et tribut. On en accorde aux peuples fougueux du Nord contre des chevaux pour l'armée ou en échange de la paix. Les premières routes du thé sont créées, partant de la Chine du Nord vers la Mongolie ou de la Chine du Sud-Ouest vers le Tibet.

De la Chine au Japon

On raconte que le moine japonais et bouddhiste de philosophie zen Saïcho (767-822) revint d'un voyage en Chine avec quelques graines de théier et qu'il les planta à Sakamoto, au pied de la montagne sacrée de Heizan. Mais il fallut attendre la fin du XII siècle pour qu'une vraie culture du thé s'installe au Japon. Elle connut son apogée au XVI siècle, avec la codification, par Sen no Rikyû, de la célèbre cérémonie japonaise de thé (Cha no yu). Les moines japonais utilisèrent en effet la cérémonie du partage du thé comme prétexte pour regrouper en terrain neutre et à dimension spirituelle, les féroces Samouraïs ennemis et éviter ainsi que ces seigneurs féodaux s’entretuent sans fin, enchevêtrés dans leur fameux code d’honneur. Les thés japonais tels que le «sencha» et le «gyokuro » sont parmi les plus populaires et les favoris.

De l’Asie à l’Europe

De sa découverte jusqu’au début du XVII siècle, le thé est resté inconnu de l’Occident et le quasi apanage de la Chine et du Japon. Des missionnaires chrétiens eurent, au XVI siècle, quelques mots sur cette herbe « suavem gustu, nomine chia » («au goût suave, nommée chia»). Mais ce sont les Hollandais qui rapportèrent en Europe, vers 1606, les premières caisses de thé. Ce navire hollandais venait de Java où les Hollandais avaient établi un relais-dépôt pour les produits venant d’Orient et où le thé avait dû être apporté par des bateaux chinois. Ces fameuses caisses avaient été échangées contre de la sauge, à raison d’une caisse de sauge contre trois caisses de thé. Les Hollandais étaient persuadés que la sauge allait conquérir l’Asie…, mais c’est le thé qui conquit l’Europe. Les anglais découvrirent le thé avec quelques décennies de retard sur l’Europe continentale. Ils reprirent cependant le temps perdu en développant le fameux rituel du « five o’clock tea » avec ses objets de porcelaine. La révolution industrielle, en bouleversant les rythmes de travail, recula l’heure du souper, rendant important cette pause Five o’clock accompagnée de quelques aliments sucrés.

Five o'clock tea

Notons au passage la cérémonie d’Afrique du Nord du thé vert à la menthe, d’inspiration musulmane. Il n’existe pas une seule recette du thé vert à la menthe. Cette cérémonie étant un don d’Allah, elle n’est pas rigide et s’adapte à votre vie et à votre personnalité. D’une merveilleuse et quasi légendaire douceur, le thé sucré à la menthe, nectar favori des Maghrébins, est dégusté à toute heure. C’est un délice à découvrir un jour. On pourrait développer longuement sur tous les rituels inventés autours de ce breuvage cinq fois millénaire. Mais comme le dit l’expression consacrée « Ce n’est pas ma tasse de thé…» pour le moment présent.

De l’Europe à l’Amérique

Furieux contre les taxes et les conditions de ventes exorbitantes imposées par l’East India Company aux colons d’Amérique, ces derniers (déguisés en Amérindiens) jetteront dans l’eau du port de Boston, le 16 décembre 1773, les 342 caisses de thé de cargaison de trois navires anglais : le Dartsmouth, l’Eleanor et le Beever. Cet événement, que l’on appela le « Boston Tea Party », fut le premier acte de la guerre d’indépendance des États-Unis d’Amérique. Plus près de nous, un britannique nommé Richard Blechynden essayait en vain de promouvoir le thé à l'exposition internationale de St-Louis en 1904, mais les chaleurs torrides du Missouri ne l'aidaient guère à attirer les buveurs de thé chaud. Lorsque M. Blechynden eut l'idée d'y ajouter des cubes de glace, la foule prit goût à cette nouvelle infusion. Depuis sa découverte imprévue, le thé glacé continue de croître en popularité.

Le thé arrive au Canada

Au Canada, la première cargaison de thé fut importée par la Compagnie de la Baie d’Hudson en 1716 ; elle mit plus d’un an à arriver à bon port. Depuis lors, les canadiens sont de grands amateurs de thé.

Quand le thé infuse le coaching

« On boit le thé pour oublier le bruit du monde » murmurait T’ien Yi-Heng bien avant que sa passion, plus exigeante dit-on que celle de l’or, ne soit partagée par les connaisseurs des quatre horizons. On pare le thé de vertus : il guérit, désaltère, nourrit. On le vêt de mots de séduction et on le respecte comme une plante magique. Mais son secret réside dans ses qualités quasi humaines. Le thé raconte, il invite au voyage, se partage, rapproche les cultures, se donne aux poètes, est d’emblée geste d’hospitalité et de convivialité. Nul autre produit de la terre n’a, au fil des siècles, suscité d’aussi subtiles rituels, inspiré un tel raffinement des objets qui le servent. Il épouse la conscience des individus et est le plus sûr révélateur de leur âme. L’art du thé, ici et là, éclot comme un art de vivre. Aborder son univers, c’est tout simplement s’attacher au destin des hommes.

La cérémonie du thé demande un type de comportement très particulier en vue de créer une ambiance où l’invité et l’hôte atteignent un renouveau spirituel et sont en harmonie avec l’Univers. Face aux changements effrénés qui caractérisent la société actuelle, la dimension spirituelle de la cérémonie du thé, qui peut durer entre 15 minutes et 4 heures, reste immuable. On y célèbre quatre valeurs de base : l’harmonie (avec les gens et la nature), le respect (de soi et des autres), la pureté (du cœur et de l’esprit) et la tranquillité (la paix de l’esprit). On dit Wa Kei Sei et Jaku en japonais. C’est un véritable art de vivre et une façon de concevoir le monde différemment.

BuddhaPrendre le temps d’apprécier et de vivre le moment présent. Se libérer des conditionnements du mental, du stress et des tracas quotidiens. Développer et apprécier le sens du beau et du bon. S’ouvrir à l’autre par un accueil chaleureux et bienveillant. Favoriser l’échange dans un environnement harmonieux et propice au respect. Stimuler la conscience et l’éveil. Voilà comment, en préambule à mes séances de coaching, ma petite cérémonie du thé « Cha no yu » peut induire favorablement une belle rencontre.

Entre temps, au plaisir de vous croiser peut-être un jour au Taï Chi, cette merveilleuse « méditation en mouvement »…

Références

Yasushi Inoué, Le Maître de thé, traduit du japonais par Tadahiro Oku et Anna Guerineau, Éditions Stock, 2003.

Okakura Kakuzo, Le livre du thé, Éditions Dervi, 1998.

Kitti Cha Sangmanee et al., L’ABCdaire du thé, Éditions Flammarion, 1996.

Christine Shimizu et al., Les Arts de la Cérémonie du Thé, Éditions Faton, 1996.

http://www.admirable-tea.com/

https://camellia-sinensis.com/the/

Témoignages d’ami(e)s du thé

La Voie du Thé est l'éclat entre apparition et disparition.
C'est quand le silence tombe au fond de moi comme les feuilles dans la tasse.
L'ineffable harmonie des choses infinies, et minuscules aussi, de l'expansion de l'univers, du mystère d'un jardin couvert, du dodelinement de mon être et des jours meilleurs peut être...
Une communion où le temps et l'espace ne font plus qu'un, ici et maintenant.
C'est l'invitation au voyage, l'appel à la sérénité, le partage et la communion.
Harmonie, splendeur et simplicité.

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