La présence, essence du coaching
Imaginez un piano à queue sur une plage déserte. Toute la musique du monde est présente dans ce piano. Pourtant, il faut un musicien pour lui permettre de se manifester. Cette perspective s'applique aussi au coaching. En effet, par sa présence active, le coach permet au client de « jouer sa musique », c'est-à-dire d'émerger son potentiel. De plus, le client va nécessairement se comporter en session de coaching selon son cadre de référence habituel et il va reproduire devant vous ce qu'il fait généralement dans sa vie. Pour un coach vraiment présent, quelle riche source d'information devient alors l'entretien de coaching.

Mais surtout, quelle belle occasion de soutenir l'émergence du potentiel du client. Par la qualité de sa présence, le coach vise et donc favorise l'élargissement de la conscience du client, soit en regard de la problématique ciblée ou de son rapport à sa problématique. Autrement dit, réaliser ses croyances subjectives à l'égard de tel type de comportement ou encore prendre contact avec sa propre émotion au sujet d'un élément de sa problématique. Exemple : prendre conscience de sa peur profonde de l'échec et de l'impact de cette peur sur sa procrastination.

À des coachs, on peut en plus suggérer que la présence est à la fois l'origine et la résultante des techniques de base du coaching, soit l'écoute active, la question puissante, le feed-back percutant, la reformulation révélatrice et la requête audacieuse. On sait déjà que l'écoute du coach comporte 4 niveaux : les idées (les faits, les opinions, le projet), les émotions (ou parfois la grande peur), le besoin sous-jacent et le sens global.

Or les découvertes et les progrès réalisés durant la démarche de coaching à l'endroit de la problématique ciblée vont nécessairement se répercuter ailleurs dans la qualité d'être et les modalités d'action du client. Voilà un aspect important de toute la puissance qui réside dans la relation et le processus de coaching.

Mais quels sont les ingrédients de cette fameuse présence ? On peut sans doute mentionner l'attention soutenue, un accueil et une ouverture optimale, une intention ferme d'accompagner quelqu'un là où cette personne veut aller. On peut aussi ajouter la capacité d'accueillir la lumière et les ténèbres. Enfin, être présent c'est oser sauter dans le vide (dancing on the edge) avec l'interlocuteur et du coup, s'offrir et offrir une promesse silencieuse. Souvent, l'univers émotif d'une personne est tout un raccourci vers ses enjeux majeurs.

« Les personnes présentes ont une qualité ineffable ; elles sont « présentes », c'est-à-dire attentives de façon étonnante et sans distraction. Une plénitude, une centration, une entièreté émane d'elles. Nous apprécions d'être « en leur présence ». La présence s'apprend et elle est le rayonnement naturel de la sécurité du cœur. »1

«Être présent, c'est saisir l'importance de laisser tomber nos anciennes identités et notre besoin de contrôler et faire le choix de servir l'évolution de la Vie. Nous en sommes venus à voir tous les aspects de la présence comme menant à une attitude de « laisser être », une participation consciente à un grand champ de changement. Quand ce phénomène se produit, le champ change et les forces définissant une situation peuvent se déplacer de « re-créer le passé » à « manifester ou réaliser un futur émergeant ». 2

En conclusion, « en toute chose il y a une fissure et c'est par là que la lumière entre. » (Léonard Cohen)

 
Marcel Gemme, PCC, MSS

1    From Chaos to Coherence, by Doc Childre and Bruce Cryer, Institute of      
      HeartMath, 2000.
 
2    Presence: An Exploration of Profound Change in People, Organizations, and 
      Society by Peter Senge, C. Otto Scharmer, Joseph Jaworski and Betty Sue 
      Flowers. Cambridge, Mass., Sol. Society of Organizational Learning, 2004.
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